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2020³â ºÒ½Ã³¶¼Û´ëȸ
Á¢¼ö : 7¿ù21ÀÏ(È) ~ 8¿ù17ÀÏ(¿ù)
µ¿¿µ»óÁ¢¼ö : 8¿ù26ÀÏ(¼ö) ~ 8¿ù 29ÀÏ(Åä)
º»¼±ÁøÃâÀÚ¹ßÇ¥ : 9¿ù14ÀÏ(¿ù)
º»¼±´ëȸ : 9¿ù19ÀÏ(Åä)
Je ne pars pas de Luc Baba
Je ne pars pas
Je vais prendre un café sur la terre
Je vais tailler des arbres
De mes portes
Et des lames
Dans l¡¯acier
Trempé des larmes mortes
Je vais jeter un froid
Dans la mare aux pavés
Je vaisAu vent mauvais
Prendre un verre de vent, voir
Où je me suis sauvé un soir
Pour mourir d¡¯être vrai
Je vais dégargouiller
Les diables à Notre-Dame
Et chanter Amsterdam
Dans les rues de Lomé
Puis gommer mon prénom
Dans le c©«ur de ma femme
Je vais mettre à sécher
Les p¡¯tites secondes à fleurs
Qu¡¯on mange avant qu¡¯elle pleure
Et que tout soit gâché
Je ne pars pas
Je fais le tour du monde
Des larmes aux inhustices de viteghe Volonté Mapson
Les pleurs ont effacé
Notre noble sourire,
Les larmes ont cassé
La corde à notre lyre;
La psychose a éteint
L¡¯ardeur de notre flamme,
L¡¯amertume a atteint
Notre c©«ur de sa lame.
Le Congo consterné
S¡¯est vu pris en otage;
Il s¡¯est vu condamné
A la guerre, au carnage.
Les quelques rescapés
A ces tueries macabres
Sont tous seuls confrontés
Aux injustes palabres :
Le juge ne peut rien
Contre un droit qui s¡¯affaisse;
La politique tient
Notre justice en laisse.
Notre Constitution,
Cette loi si suprême
Est lue à la Nation
Comme un obscur poème :
Ceux qui sont au pouvoir
La broient sans peur aucune,
La changent pour déchoir
La volonté commune;
Ils modifient les lois
Pour leurs comptes en banque,
Pour être élus cent fois,
Pour ne pas être en manque;
Mais jamais pour songer
Au peuple, à son bien-être,
A ce peuple égorgé
Qui tend à disparaître.
A l¡¯ombre de l¡¯Afrique, le soleil élargit la misère de Okoumba-Nkoghe
A l¡¯ombre de l¡¯Afrique
l¡¯on conduit des autos de luxe
l¡¯on fume du tabac de Havane
quoique l¡¯on n¡¯ait pas de gîte
digne de ce nom
L¡¯argent et son existence
exaltent la pensée
incitent à choisir le coup d¡¯état
comme unité de lieu d¡¯une méditation
A l¡¯ombre de l¡¯Afrique
l¡¯on passe sa vie entière
à offrir son petit sou
aux griots de la cour
chantant sa gloire
Cherchant à établir les conditions
d¡¯une riche vie
l'on explore les étapes essentielles
qui lient l¡¯individu à Lucifer.
A l¡¯ombre de l¡¯Afrique
l¡¯on se dispute le privilège
de gober les provisions
appartenant à la nation.
Et l¡¯on se montre l¡¯un à l¡¯autre
les miettes du pillage avec orgueil
tirant vanité de la resquille commise.
DANS CETTE MAISON OUVERTE¡¦ de Tahar Ben Jelloun
Dans cette maison ouverte sur le ciel
On a versé du lait dans les coins
Et éparpillé du sel dans les patios
Le chat dort sur le piano
Le lion aux yeux tendres
Mange l¡¯agneau du sacrifice
Le serpent à sonnette danse dans la cour
Des fourmis vont à un enterrement
Un singe peint en bleu s¡¯ennuie
Le citronnier manque d¡¯eau
Les meubles se déplacent et forcent la porte
Un fleuriste s¡¯évanouit
Une femme aux seins nus tire à l¡¯arc
Pendant qu¡¯une esclave noire
Egorge des coqs sur la terrasse
Le sang coule sur les murs
L¡¯enfant dit : enfin une maison où il se passe des choses !
Love song III de Nicolas Bouvier
Quand tisonner les mots pour un peu de couleur
Ne sera plus ton affaire
Quand le rouge du sorbier et la cambrure des filles
Ne te feront plus regretter la jeunesse
Quand un nouveau visage tout écorné d¡¯absence
Ne fera plus trembler ce que tu croyais solide
Quand le froid aura pris congé du froid
Et l¡¯oubli dit adieu à l¡¯oubli
Quand tout aura revêtu la silencieuse opacité du
Houx ce jour-là
Quelqu¡¯un attendra au bord du chemin
Pour te dire que c¡¯était bien ainsi
Que tu devait terminer ton voyage
Démuni
Tout à fait démuni
Alors peut-être...
Mais que la neige tombée cette nuit
Soit aussi comme un doigt sur la bouche
Hommage au manioc de Philippe Mpayimana
A tous les enfants du monde entier
Je dédie mon plus beau poème
Comme cadeau mon manioc forestier
Cru, sucré, laiteux, ce bohème
Sans ingrédient, il nous nourrit
Il sauva, sans accompagnement
Tel un biberon bien rempli
Ou du lait maternel, bien des gens
Racine d'arbre pour les uns
Produit de la terre pour qui savait
A la place d'habits et bijoux hautains
Il nous décorait et nous ravivait.
Bénissez la forêt que je maudis
Qui me prit le père et les amis
Mais me donnait comme au paradis
Cette manne malgré l'ennemi
Je te planterai sur sa tombe
Comme une fleur pour moi favorite
Je te dessinerai sur des robes
Que les belles filles portent
Le bois amical de Paul Valéry
Nous avons pensé des choses pures
Côte à côte le long des chemins,
Nous nous sommes tenus par mes mains
Sans dire... parmi les fleurs obscures ;
Nous marchions comme fiancés
Seul, dans la nuit verte des prairie ;
Nous partagions ce fruit de féeres
Et ma lune amcale aux insensés.
Et puis, nous sommes morts sur la mousse,
Très loin, tout seuls parmi l¡¯ombre douce
De ce bois intime et murmurant ;
Et là-haut, dans la lumière immense,
Nous nous sommes trouvé en pleurant
Ô mon cher compagnon de silence !
Chant de paix de Makhali Phâl
«Mon coeur tranquille glorifie mon peuple.
«Moi, fille de khmers,
«Je bondis comme un gaur hautain et libre à la tête de son troupeau,
«Comme un grand gaur royal qui a entendu, sous les lianes de la jungle, l'appel du Bouddha,
«Et qui s'offre à lui avec toute sa harde.
.........................
«Je repousse les morts
«Et je chante aujourd'hui les vivants
«Parce qu'ils sont devenus aussi grands que les morts,
«Je chante aujourd'hui la Vie.»
«La Parole de Paix,
«La Parole qui délivre de la Passion,
«La Parole qui délivre de la souffrance,
«La Parole qui délivre des renaissances,
«La Parole de Compassion,
«La Parole de Pitié,
«La Parole d'Amour,
«La Parole du Bouddha GOTAMA ».
«Un peuple qui n'a pour armée
«Que sa Pensée et sa Foi !
.........................
«Oui, c'est un peuple qui n'est en vérité qu'une âme.
«Un tout petit peuple très pauvre et très doux,
«La pauvreté même et la douceur sur Terre,
«Un petit peuple généreux et confiant,
«Blessé, à travers les siècles, par les yeux obliques de ses voisins,
«En vérité, un petit peuple très simple et très humble ».
«Ô Europe, Ô Asie,
«Tristes soeurs jumelles, où allez-vous?
«Ô Europe, Ô Asie, tristes soeurs jumelles,
«Les dieux s'étendent pour mourir sur des gongs plats.
«Ô Europe, Ô Asie, tristes soeurs jumelles,
«Quelles âmes illimitées, liées,
«Buffles ou hommes, meuglent au poteau de sacrifice ? ».
Ah ! Dans quel désert¡¦ de Hertor de Saint-Denys Garneau
C¡¯est eux qui m¡¯ont tué
Sont tombés sur mon dos avec leurs armes, m¡¯ont tué
Sont tombés sur mon c©«ur avec leur haine, m¡¯ont tué
Sont tombés sur mes nerfs avec leurs cris, m¡¯ont tué
C¡¯est eux en avalanche m¡¯ont écrasé
Cassé en éclats comme du bois
Rompu mes nerfs comme un câble de fil de fer
Qui se rompt net et tous les fils en bouquet fou
Jaillissent et se recourbent, pointes à vif
Ont émietté ma défense comme une croûte sèche
Ont égrené mon c©«ur comme de la mie
Ont tout éparpillé cela dans la nuit
Ils ont tout piétiné sans en avoir l¡¯air,
Sans le savoir, le vouloir, sans le pouvoir,
Sans y penser, sans y prendre garde
Par leur seul terrible mystère étranger
Parce qu¡¯ils ne sont pas à moi venus m¡¯embrasser
Ah ! dans quel désert faut-il qu¡¯on s¡¯en aille
Pour mourir de soi-même tranquillement.
A la lune aurorale de Théo Crassas
Ô Lune aurorale de juin,
Tu es une Apparition d¡¯aupépine blanche dans un ciel opalin
Portant le vivant message des Anges de la nuit !
Assis auprès de toi émerveillé
je t¡¯écoute chanter des madrigaux bleus de Toscane !
Tout en évoluant avec légèreté
Tu tournoies au bal permanent des Italies,
Tu danses la passacalle fine des biches fières,
La sarabande délicate des cavales hautaines
Et le menuet galant des gazelles élégants !
Protagonistes de ta mouvance sont tes hanches d¡¯astrale beauté
Elles se jouent du vent adverse, des courants contraires,
des temps trop étroits, Des injoncitons ou des conseils du Grand-Prêtre,
ou de la malveillance des Reines hostles !
Ludiques, elles jouent au grand Jeu de l¡¯univers
comme des cartes favorabes à l¡¯homme !
Tes hanches sont des fleurs d¡¯argent,
des feuilles d¡¯or, des mines de cuivre,
des ateliers de bronze !
Elles sont des étés scintillants et sonores au parfum enivrant de moisson,
des Edens surélevés, entourés de dunes de sable,
des Armorques rafraîchissantes et éthérées,
des savanes de zèbres frémissant de mille yeux,
des remous gangéniques retenus dans la chevelure de Shiva,
des terres vertes irriguées par le Nil,
des mots caressés par Dieu,
des cascades de joie des Olympies enluminées par l¡¯Alphée,
de belles Heures fuyant au pas de course,
des plantations profuses d¡¯hévéas pleins de promesses,
des tentes émirales, des palais d¡¯argile non cuire,
des trésors de rois inégalabes par la richesse,
des barques aux rames de cerisier,
remplies de perles orientales fraîchement pêchées des éponges qui ont bu toute l¡¯eau de l¡¯Archipel,
des pistes circulaires d¡¯azur ceinturant des plaines céréalières,
des pentes puissantes de Terre profonde,
des espaces de lumère surnaturelle, des nuages de satin,
des racines de lauriers-rises, des aises de lions,
des charme d¡¯éléphants, des maternités de mésanges,
des abeilles bourdonnantes, des oseaux chanteurs !
Ô Lune image enfantine de la Sainteté,
Tu te noies dans les blés pour libérer le jour !
Et tu te meus autour de moi
Comme un corps venu du centre du Palais,
Du Céphise céleste ou des bords de la Yamuna bienheureuse !
Car tu es mon espérance de vie éternelle,
Ma certitude d¡¯immortalité !
Car tu es mon tournesol de la satiété
Mon grain de sympathie cosmique,
Mon Phénomène d¡¯Amour.
La parole est le chiffre du conte de Tanella Suzanne Boni
la parole est le chiffre du conte
pourvu que les mots me viennent en silence
j¡¯invoque l¡¯esprit des mots
tous les matins à l¡¯heure où ma mémoire
raconte à la terre
la trahison du Temps qui chemine
sur le sol de ma peau
aux racines rhizomes
sur le paysage mouvant
qui conte ses grains de sable
je ne sais plus
si mes yeux m¡¯appartiennent encore
mes yeux habitent parmi les larmes
les gouttes de pluie les mottes de sel
les larmes racontent nuit et jour
à l¡¯auréole de mon ombre
ce que l¡¯émotion a perdu
depuis le dernier voyage
en compagnie de ta solitude seule
ta solitude de bel homme
aux pas de feu au sourire d¡¯étoile
ta solitude fière comme la mer infinie
la mer royaume de toute souffrance
des rescapés de l¡¯histoire
Récit de l¡¯an zéro de Georges Schéhadé
les mages
Ils se rencontrèrent au bord d'un bassin
pour donner à boire à leurs montures
par nuit claire
trois Mages et trois chevaux
Mais lorsqu'ils se penchèrent
ils se multiplièrent
ils furent six dans l'eau.
Six Mages et six chevaux
voilà le premier miracle!
Or quand ils furent en selle
Mages (et chevaux) volontiers reconnurent
avoir été dupes de leurs images
par nuit claire
ils rirent (et en convinrent)
au souvenir de l'eau.
En attendant l'étoile avait disparu
et lorsqu'ils levèrent la tête
le ciel était brillant et absent.
L'étoile était accrochée à un figuier
derrière une feuille
(bâillant une figue l'avait retenue).
L'arbre cette nuit fut bel et bien battu
par trois personnages barbus.
Ainsi fut délivrée l'étoile captive
au milieu de hennissements et de cris
(et sans égards pour les vertus
d'un arbre centenaire).
[...]
le salut du jeune soleil de Léopold Sédar Senghor
Le salut du jeune soleil
Sur mon lit, la lumière de ta lettre
Tous les bruits qui fusent du matin
Les cris métalliques des merles, les clochettes des gonoleks
Ton sourire sur le gazon, sur la rosée splendide.
Dans la lumière innocente, des milliers de libellules
Des frisselants, comme des abeilles d¡¯or ailes noires
Et comme des hélicoptères aux virages de grâce et de douceur
Sur la plage limpide, or et noir les Tramiae basilares
Je dis la danse des princesses du Mali.
Me voici à ta quête, sur le sentier des chats-tigres.
Ton parfum toujours ton parfum, de la brousse bourdonnant des buissons
Plus exaltant que l¡¯odeur du lys dans sa surrection.
Me guide, ta gorge odorante, ton parfum levé par l¡¯Afrique
Quand sous mes pieds de berger, je foule les menthes sauvages.
Au bout de l¡¯épreuve et de la saison, au fond du gouffre
Dieu ! que je te retrouve, retrouve ta voix, ta fragrance de lumière vibrante.
Coquelicots pour la complainte de Bethléem de Tahar Bekri
Si ton char tue la prière
Si le canon est ton frère
Si tes bottes rasent mes coquelicots
Comment peux-tu effacer ton ombre
Parmi les pierres ?
Si mon église est ton abattoir
Si tes balles assiègent ma croix
Si mon calvaire est ton bougeoir
Si les barbelés sont tes frontières
Comment peux-tu aimer ma lumière ?
Si ta haine par-dessus le toit de ma maison
Confond minaret et mirador
Si ta fumée sature mon horizon
Si tes haut-parleurs assourdissent mes cloches
Comment peux-tu honorer le levant ?
Si tes griffes mordent mon sanctuaire
Si tes casques sont tes oreillères
Si tu arraches mon oliviers
Ses rameaux pour ton fumier
Comment peux-tu retenir la puanteur des cendres ?
Si Jenine en arabe est foetus et embryon
Que tu enterres vivant oublieux de l¡¯Histoire
Si la poudre est ton encensoir
Si tes fusées blessent ma nuit sombre
Tes dalles se consolent-elles d¡¯être mes décombres ?
Si le mensonge est ton épine dorsale
Si tu nourris tes racines de mon sang
Si tu cache mon cadavre
Pour étrangler le cri de la terre
Comment peux-tu prétendre qu¡¯elle est ta terre ?